J’ai toujours eu l’impression de tenir les rênes de mes propres pensées. On aime tous se dire que l'on maîtrise, que si nous pensons quelque chose, que ce soit positif ou négatif, alors cela vient forcément de nous, de notre façon d'appréhender le monde, de notre personnalité ... Et finalement, j’ai mis longtemps à me rendre compte que la moitié de ces pensées dont je m'attribuais le mérite à 100% étaient des graines plantées joliment par les autres ou la société en général.
Le regard des autres influence notre rapport au corps depuis toujours.
Et c’est un sentiment particulier, de remettre en question ces pensées automatiques qui nous envahissent pourtant au quotidien. Est-ce que je n’ai finalement pas laissé les autres me définir, et surtout définir l’image que je devais avoir de moi-même, de mon propre corps ?
À force d'échanger avec vous depuis maintenant presque 2 ans, je me rends compte à quel point « les autres » sont réellement présents dans votre relation avec vous-même & avec votre corps, & je ne peux que comprendre l'ayant vécu pendant pas mal d'années !
Ce qu'il faut comprendre aussi, c'est que l'on nous a toujours enseigné à faire davantage attention aux autres & à ce qu'ils pensent plutôt que de prendre soin de nous-même.
Ne sois pas égoïste, dis lui oui ça lui fera plaisir.
Arrête de crier, les voisins vont entendre toute notre vie.
Sois polie, respectueuse, à l'écoute, ne prend pas trop de place.
Ne soit pas trop hautaine, reste discrète.
Ne dérange pas.
Ne pas déranger les autres, glorifier la pensée & les sentiments des autres. Ne pas hésiter à se faire passer en second plan si seulement cela peut permettre aux autres d'être "préservés". C'est devenu une habitude, on le fait même sans y réfléchir. Alors, non, l'idée n'est pas ici de pleurer sur le méchant monde d'aujourd'hui en rejetant la faute sur les autres, mais c'est plutôt une envie d'ouvrir les yeux, ou plutôt les oreilles, sur toutes les phrases où l'on vous pousse à vous faire passer en second plan. Car même si c'est ancré dans notre fonctionnement depuis bien des années, il n'y a pas de raisons que cela ne puisse pas évoluer un jour à travers une prise de conscience parfois difficile, mais très libératrice !
Donc c’est déstabilisant de se sentir jugée & de ne pas recevoir le niveau de valorisation que l’on mérite pourtant. On entend souvent que l’on est bien plus bienveillant avec les autres qu’avec nous-même, alors pourquoi ces mêmes autres ne le sont pas avec nous ?
Je ne pourrai jamais vous expliquer la méchanceté (souvent gratuite) de ces personnes, cette bienveillance déguisée en critique quand vos proches estiment que c’est pour "votre bien"…
Mais je peux tenter, vous expliquer pourquoi vous vous attribuez ces pensées comme votre propre réalité, et pourquoi il n’y a rien de plus nocif pour vous.
Prendre conscience de l'importance du regard des autres sur notre rapport au corps.
J’ai découvert cet exercice intéressant issu du livre « Self acceptance » du Docteur Harry Barry :
Prenez une feuille et tracez une ligne droite comme un système de notation, de 1 à 100. Et sur cette ligne, essayez de vous noter, de noter la valeur que vous penses avoir. À quel niveau vous pourriez aujourd’hui évaluer votre niveau d’estime de vous-même ?
Maintenant, sur cette même ligne, essayez d’imaginer à quel niveau les autres pourrait vous noter à leur tour ?
Et pour finir, imaginez-vous recevoir une remarque plutôt négative d’une tierce personne, du type « tu devrais faire attention à ce que tu manges, tu as pris du poids, je trouve »… Retournez maintenant sur votre système de notation. À quel niveau se situe maintenant votre estime de vous-même ?
Pour la majorité des personnes, plus l’exercice avance, plus la note deviendra de plus en plus basse…
Je sais que vous n'avez pas besoin de moi pour comprendre qu’on ne devrait jamais laisser les autres influer sur notre estime de nous-même. Elle devrait nous appartenir à 100%.
Ces critiques ne sont que des « opinions », pas la réalité. Et pourtant elles deviennent votre propre réalité… Et imaginez les dégâts quand on sait que si les autres sont durs avec vous, les critiques les plus sévères viennent pourtant de vous-même !
Est-ce normal que ces personnes aient aujourd’hui autant de pouvoir sur votre relation au corps ? Sur votre confiance en vous ? Est-ce normal que parfois, être en couple avec une personne nocive peut nous bousiller littéralement notre estime de nous-même & ce pendant des années ?
Comment se libérer du regard des autres et de leurs pensées ?
L'auto-bienveillance, voilà ce qui me manquait. J'ai à cœur de valoriser l'autre, de le sublimer dans mes pensées, de le trouver toujours digne d'intérêt pour une raison ou pour une autre. Mais c'est plus compliqué quand il s'agit de moi.
Moi, quand je me regarde dans le miroir, je me vois par morceaux. Et ce ne sont jamais les bons morceaux. Je pense qu'on est nombreuses à ne pas réussir à voir ce qui nous rend uniques, ce qui nous rend dignes d'intérêt. On passe beaucoup de temps à exiger bien plus de nous-mêmes que des autres. Et c'est la même chose avec notre corps.
Un peu frustrée de me laisser dominer de cette manière, j'ai décidé de faire une liste de plusieurs femmes. Que je connais personnellement ou qui sont simplement "célèbres". Des femmes de toutes tailles, de toutes origines, de tous styles... Juste des femmes différentes.
Et pour chacune d'entre elles, qu'elles soient minces, rondes, grandes, petites, blondes ...peu importe : je les trouvais belles. J'arrivais à lister une farandole de compliments sans même y réfléchir plus de 2 minutes. Je me suis dit ok. Et si une tierce personne m'intégrait dans sa liste ? Avec le même niveau de bienveillance que j'ai pu avoir avec toutes ces femmes. Que dirait-elle ? Alors j'ai essayé. Timidement.
Satisfaite des demi-mots valorisants que j'ai pu poser sur moi-même, j'ai ensuite demandé à une amie de faire le même exercice, en me glissant dans sa liste. Oui, il fallait oser, mais c'était important comme déclic.
Et quand j'ai eu l'occasion de la lire ; ses mots étaient entiers, bourrés d'attentions et de beautés. En lisant sa liste, elle n'a pas surjoué ma description pour me faire plaisir. Car elle ne se démarquait pas particulièrement des autres, elle n'était pas plus élogieuse. Elle était simple, mais pourtant bien plus profonde que celle que j'avais pu faire de moi quelques jours plus tôt.
Pour moi, c'était une découverte. Voilà comment on peut parler de moi et voilà comment je devrais parler de moi. J'ai le droit de prendre de la place, de me valoriser sans éteindre les autres, de me faire passer en premier plan, j'ai le droit de dire non ! Et tout cela, sans que je passe pour une fille égocentrique & égoïste.
Aujourd'hui, devant un miroir, je me vois "moi". Entière. Vraie dans le regard que je pose sur moi.
Vous méritez le même niveau de bienveillance et de patience que vous accordez aux autres. Faire de vous-même une priorité ne vous rend pas égoïste ou méchante. C'est en étant bien et en accord avec qui l'on est que l'on peut réellement aider les autres.
Vous vous souvenez de ce qu'on nous dit dans l'avion lors de l'évocation des consignes de sécurité ? "Mettez votre masque à oxygène en premier avant d'aider les autres".
Bah oui, si vous suffoquez par terre, vous n'aurez sauvé personne & surtout pas vous-même.
Alors, vous commencez quand à vous sauver vous-même ?
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Prenez soin de vous,
Pauline
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