En Angleterre, on ne dit pas que l’on se lève du pied gauche, mais plutôt que l’on a un bad hair day. Donc, en français, on pourrait dire que notre coupe, coiffure n’est pas assez bien aujourd’hui pour passer une bonne journée.
La dimension esthétique dans le fait de passer une mauvaise journée est hyper intéressante. Cela veut clairement dire que nous sommes capables de penser que si notre physique n’est pas à la hauteur, alors nous passerons un mauvais moment.
J’aimerais que vous vous imaginiez 5 min, vous lever un matin & découvrir en vous regardant dans le miroir, que quelque chose est inhabituelle dans votre reflet. Peut-être un bouton survenu pendant la nuit, ou alors une peau anormalement sèche. Peu importe, essayez de vous remettre dans le contexte ? Qu’est-ce que vous vous seriez dit à ce moment-là ?
Moi, je sais que quand ce genre de matin arrivait, j’avais l’habitude de dire « de toute façon rien ne va aujourd’hui ». Et cela engendrait un comportement bien précis de ma part : je pratiquais le foutu pour foutu. Le foutu pour foutu, c’est typiquement un matin de règles où je ne me sentais pas forcément très bien dans mon corps. Alors je me levais &, je n’avais envie de faire aucun effort. Je ne prenais pas soin de moi, j’évitais au maximum mon reflet &, je prenais la première chose qui me venait dans mon placard sans trop réfléchir. Et toute la journée, c’était la même thématique : de toute façon, ça ne va pas aujourd’hui, ça ne sert à rien de me battre.
Si vous saviez le nombre de fois où j’ai pu me comporter de cette manière. Me laisser happer par cet aspect que je jugeais négatif pour en faire ma généralité pour la journée, voir plus…
C’est comme si nos matins allaient prédestiner une partie de notre vie, et en l’occurrence ici, c’est notre reflet, notre rapport à notre image & notre réaction vis-à-vis de tout cela qui conditionne une partie de notre vie. Cela a également été prouvé que ce type de matin pouvait également altérer nos compétences intellectuelles. Nous avons plus tendance à nous dénigrer, à nous rabaisser, à se sentir inquiets & préoccupés.
Ce qui entraîne un manque d’indulgence & du bienveillance incroyable. Car s’il on a le malheur de rater une tâche ce jour précis, vous pouvez être certaine que cela peut partir en séance d’autoflagellation incontrôlée.
Donc ça, c’est pour une journée. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que pour certaines personnes, c’est tous les jours comme ça. C’était mon cas, et c’est peut-être le vôtre.
Encore une fois, on déculpabilise. Les critères de beautés sont omniprésents & depuis notre plus tendre enfance. Quand on est petite, on est mignonne. On nous appelle « ma belle », « ma beauté ». C’est d’ailleurs pour ça que je préfère vous appeler mes douces, car j’aime vous voir comme des personnes bienveillantes & douces, que ce soit avec vous-même comme avec moi. Attention, cela ne vous empêche pas d’être féroce & déterminée, on est d’accord.
Tout cela pour dire que ces messages, où la beauté est centrale, sont partout. Ce que je vous invite réellement à faire, c’est à noter cette semaine toutes les fois où vous avez pu entendre une phrase où une dimension physique, où un critère de beauté a pu apparaître.
C’est un peu comme un bruit environnant, un son, un murmure auquel on ne prête même plus attention à force l’entendre. Comme une musique d’ascenseur que l’on entend sans réellement écouter. Les publicités liées à l’apparence physique & à l’image sont un peu de cet ordre-là. On les regarde, on les assimile sans trop discuter le discours en question.
Et il y a de quoi être perdue ! Quand on sait qu’on est à une époque où toutes les incitations une apparence parfaite sont partout, mais qu’à côté de ça, on nous incite à se détacher des apparences. « Il n’y a pas que la beauté qui compte » vous dit votre amie, « faites en sorte de réussir votre été et votre objectif bikini grâce à notre offre » vous dit votre télévision. « L’habit ne fait pas le moine » mais à côté de ça, «nous n’avons pas de « seconde chance pour faire une bonne première impression ». C’est tellement contradictoire qu’intérieurement, cela peut vite devenir la guerre !
Alors qui croire & comment faire pour se détacher de ce discours et enfin apprendre par soi-même ?
J’ai mis en place plusieurs questionnements intérieurs, et la première est celle qui fonctionne le plus avec moi. Lorsque j’entends un discours de publicité, où que je commence à me questionner sur mon corps à cause d’une énième injonction… Je m’imagine le dire ou la proposer à une personne que j’aime. Si je m’en veux, si je ressens de la culpabilité ou du dégoût alors cette idée n’a plus aucune valeur à mes yeux.
La seconde technique, c’est d’écrire l’injonction & d’essayer de la justifier. Limite vous essayez de disserter dessus. Essayez d’exposer des faits auxquels vous croyez sincèrement qui pourrait justifier que vous vous lanciez dans cette injonction. Si cela met un peu de temps, ça vous permet au moins d’arrêter de les emmagasiner sans réfléchir.
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Prenez soin de vous,
Pauline
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